Est-ce l'arbre qui chante avant la nuit ? — Ou l'eau perdue des cloches, emportant le ciel hagard, rose d'une vie plus loin ?
Est-ce l'arbre — qui chante pour la nuit, l'eau perdue des cloches à la traîne d'un ciel sans terre, là bas, jusqu'au silence étranglé d'une vie qui vient et s'en va ?
Est-ce le soir ou cette aube encore noire, grosse d'un jour sans heures ni rêves et ce chant, s'éveille-il ou berce-t-il les branches qui s'apprêtent à suivre le courant — au fond de la corbeille l'enfant déjà grand ?
Est-ce bien toi — à l'origine comme à la fin funambule sans balancier au-dessus du temps qui te soutient d'une haleine ?
Dans l'étirement bleu des plaines, où la lumière jamais ne se referme, mais glisse dans les cœurs, est-ce l'arbre qui chante au-dessus de la nuit l'eau perdue des cloches poussant loin le ciel sans trêve ivre d'un jour noyé ?
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Philippe Mac Leod
Poèmes pour habiter la nuit
Le Passeur Éditeur, 2015