Un arbre est mort dans mon jardin
Ramure pétrifiée
Jaillissant vers le ciel
Fantôme décharné
Aux couleurs éteintes
Les matins de printemps
J'aimais de ma fenêtre
Indiscret mais complice
Observer le ballet
Des mésanges novices
Les pics avaient appris
Avant bien avant moi
Que les larves avançaient
Dans leur œuvre de mort
De leur bec frappant sur l'écorce tambour
Ils luttaient vainement
Pour différer la fin
Sur le tronc desséché
Le promeneur naïf croit
Qu'ils cherchent pitance
Leurs coups désespérés
Aux rythmes africains
Toquent toquent
Funèbre lamento
Un jour je n'ai plus vu
Les pics
Les écureuils même ont quitté le navire
Quelques feuilles rougies
S'accrochent au motif
Le vent même
Ne les fait plus frémir
Quand dans la cheminée
Éclateront tes braises
Tu renaîtras soudain
Pour un plaisir furtif
Tu t'éteindras enfin
Comme un désir s'apaise
Cendre petit matin
Le froid soudain si vif
Mac Janer
Fleuve de Cendres
Éditions du Petit Véhicule, 1998