Tu ne verras pas, bien que
tu l'aies voulu, les peupliers verts
au bord de la mer,
sur le chemin qui mène vers la terre,
ami blond, mort au mois de mai ;
tu ne les verras pas, quoique
tu n'eusses en rien porté tort au soleil
avec ta joie de mort ;
pourtant si peu de chose
aurait pu, ô mort, te rendre heureux !
Qu'est-ce que tout cela,
qu'un désir pur et simple ne peut
émouvoir ; quelle main, et où,
recouvre ce puits de tourment,
au fond duquel nous nous sommes fait
un écho d'illusion,
en regardant toujours des yeux,
là-haut, qui s'ils nous voient,
nous pénètrent, parfois, profondément ?
Si tant de douleur a été donnée
en pâture à ce printemps
infortuné, avec ces petites
fleurs que nous aimons, laisse vite
ta place, et que le monde soit,
Qui ! le maître de soi-même ;
mais laisse-nous,
le nôtre nous suffit
plus que suffisamment ;
nous ne voulons rien d'autre qu'être
infinis sur la pauvre verdure
qui est là derrière
notre demeure d'hommes !
Beauté
Traduction de Bernard Sesé
José Corti, 2005
Día siguiente
No verás, aunque querías
verlos, los álamos verdes
de la orilla de la mar,
caminito de lá tierra,
rubio amigo, muerto en mayo;
¡no los verás, aunque nada
le hubieras quitado al sol
con tu alegría de muerto;
aunque con tan poco, tú
serías, muerto, dichoso!
¿Qué es todo esto, que un ansia
pura y sencilla no puede
conmover; qué mano, dónde,
tapa este pozo de pena,
en cuyo fondo nos hemos
hecho un eco de ilusión,
mirando siempre a unos ojos,
arriba, que si nos ven,
nos clavan, a veces, hondo?
Si tanto dolor ha dado
abono a esta primavera
infeliz, de florecillas
que nos gustan; ¡deja ya
tu sitio, y que el mundo sea,
¡Quién!, el dueño de sí mismo;
déjanos ya, que nos basta
y nos sobra con lo nuestro;
que sólo queremos ser
infinitos en el pobre
verdorcillo de detrás
de nuestra casa de hombres!