L'arbre de vie tressaille aux lumières astrales Il s'épanouit, comme un geyser, dans les cieux, Avec ses millions de fruits lourds de secrets, Ainsi qu'une couronne inépuisée de perles.
Au bord noueux des mers ses racines s'étendent, Bercées par le murmure infini des écumes, Les comètes, toutes bruissantes de phosphores, Tordent leur chevelure à travers ses rameaux.
Les fruits qui tombent dans les mers Deviennent le troupeau convulsif des sirènes ; Gorge nacrée de femme, écailles de poissons, Elles nagent dans la fièvre azurée des ondes.
Les fruits qui tombent sur le sol Deviennent des nains gambadeurs, Ils s'enfoncent en brandissant leurs pics de feu Dans les mines de diamants et d'escarboucles.
Mais les fruits subtils qui rayonnent Sur le front de l'arbre éternel S'envolent, au toucher amoureux des zéphyres, Pour devenir le tourbillon joyeux des fées !
Leur cithare, leur flûte et leurs cymbales chantent Sur la nef rose des nuages. Leurs robes multicolores nous éblouissent Et leurs ailes de papillons Cadencent l'équilibre étincelant des nuits.
Arbre de vie, tes fruits miraculeux emplissent Les spirales de l'âme et les gouffres du monde.
François Brousse Au royaume des oiseaux et des licornes La Licorne Ailée, 1982 |