nous partions en forêt avec nos sacs et notre vie
ouverte sur des horizons indistincts et souvent
le feuillage des arbres les prairies giflées de vent
semblaient sourire aux inventions de notre rêverie
j'ai passé des journées entières regardant au loin
les nuages passer et frôler la tête des arbres
ma tête aussi partait avec ces nuées et la barbe
du temps tombait en poudre ou volait en fumée de foin
enfoncé dans un grand fouillis de ronces desséchées
j'ai goûté le soleil de février déjà bien chaud
et tout autour rien ne semblait approuver la pensée
de s'enfoncer dans un roncier pour s'échapper là-haut
sur la colline avec le ciel et l'astre pour spectacle
je m'élançais du roncier vers un rêve sans obstacle
William Cliff
Autobiographie
Éditions de La Différence, 1993