15 novembre au soir, on m'installe à La Roche.
On sort dîner. Quelqu'un demandant qui je suis,
je dis que je viens voir cette ville, qu'elle est
le sujet des poèmes que je veux écrire.
Alors, cette personne : Mais qu'espérez-vous
voir ici ? Il n'y a rien à voir à La Roche.
Tôt, le lendemain matin, à peine quittée
la Maison Gueffier pour flâner, je tombe sur
le séquoia.
Il fait peut-être six étages
de haut, juste au-delà des petites maisons
longeant la place du Théâtre, côté ouest,
dans une cour, devant des boxes pour voitures.
*
Aussitôt, j'ai voulu savoir. Venu comment
et quand ? Planté par qui ? Pourquoi là ? Les nombreuses
personnes que je questionnais me disaient toutes :
Un séquoia ? Où ça ? Puis chacun s'efforçait
de m'aider, m'indiquant un voisin, un ouvrage,
un Service possiblement expert, un lieu
d'archives à consulter, une autorité
compétente. Bernique !
J'avais assez vite
vu le second séquoia, dans un très ancien
jardin qu'un mur bordant la rue Genuer dérobe
aux yeux du passant, un peu avant la rue Hoche.
Je n'en ai pas découvert d'autre, mais qui sait ?
*
Un mois d'automne, j'ai marché dans cette ville,
un mois de printemps aussi parmi les parfums
des fleurs. Il y avait encore plus à voir
que je n'ai pu. j'ai parlé à bien des personnes
de rencontre, accueilli toujours courtoisement.
Je demandais souvent qu'on m'explique une chose
qui m'intriguait. On m'en a beaucoup expliquées.
Sauf à propos des séquoias, les deux géants
magnifiques.
Si quelqu'un connaît leur histoire
assurément, quelqu'un la sait , et même si
ce n'est pas en alexandrins, je voudrais bien
qu'il me la dise.
Philippe Longchamp
La ville du jardin des latitudes
Le dé bleu, 2004