Traversant la forêt, enjambant les arbres morts, les souches brisées par de trop longs hivers, à dire vrai, je ne sais plus où je suis et ma solitude, soudain, m'émerveille. Les bruits sont dans le ciel quand les faîtes craquent jusqu'à m'étourdir. La mousse est silencieuse. Les champignons litigieux ne haussent jamais la voix. Oui, je pourrais m'étendre ici, de tout mon long. Que s'arrête ma vie contre le tronc de ce vieux pin. Mais si je caresse l'écorce, mes yeux cherchent alors la poursuite du chemin à travers bois. Je laisse le pin à la petite lumière qu'il engendre parmi les autres. Enfant, il était mon ami quand je venais ici ramasser de la mousse que nous pressions dans de grands sacs de jute que les marchands nous achetaient à vil prix. |
Joël Vernet
Rumeur du silence
Fata Morgana, 2012