Une signature abstraite au bas de la vie c'est toute la dérision dont nous sommes capables.
La mer au loin, comme un souvenir embelli, éparpille son troupeau de feintes où bat l'extase enfantine.
Le roc s'ouvre, les fumées, les nuages montent sous le choc de l'émotion ; poussières d'un coffre perdu.
Je saisis la force de l'arbre. Une branche au paraphe saccadé donne naissance à une barque huilée, un fruit d'or ; maîtrise un instant les vagues furieuses, l'étouffante parole.
Comme le ciel entre les branches noircit, la combustion de l'esprit est à peu près totale. Une braise infime, un nuage à peine pour maintenir le nom, sinon quelle différence avec ces poumons d'arbre, ce chant qui le traverse ?
Levant les yeux j'aperçois entre les pins une courbe brève et c'est un autre nom de l'espace sans borne, sans soif, sans urgence ; sommet issu de convulsions oubliées : notre règne pantelant !
Je ne m'éloigne pas de cette terre odorante, je me glisse dans son destin. |
Pierre-Albert Jourdan
Le bonjour et l'adieu
Mercure de France, 1991