Voici la main, le vent, la langue sans raison.
Qu'inscrit-elle sur l'arbre ? Un nom d'arbre,
la raison de l'éphémère, la mort de ce nom.
Seul le cheval préserve son nom sur l'arbre.
Arbre, cheval errant, que disent-ils ?
Ils lacèrent l'écorce, la peau, avec un chiffre
ou un nom. Les noms ne se perdent pas.
Arbre, raison incessante, cheval, raison errante,
symbiose d'amour et de fureur obscure et statique,
ma main s'attarde sur l'arbre et le cheval.
Un vent épelle déjà les paroles de l'arbre
et le cheval avance inscrit dans le poème.
Tout advient sans raison par une raison différente.
António Ramos Rosa
Le cycle du cheval
suivi de Accords
Traduit du portugais par Michel Chandeigne
Gallimard, 1998