Il composait dans la forêt son plus beau poème. Il marchait et les oiseaux l'accompagnaient. Ils étaient une couronne mouvante autour de lui et happaient avec avidité les paroles qui sortaient de sa bouche. Lorsqu'il se taisait les oiseaux demeuraient. Ils volaient alors à reculons, leurs becs épiant sa bouche. Il aimait les oiseaux, il ne les dispersait pas. Mais il rentrait vide dans sa maison. Les oiseaux avaient mangé son poème. Parfois, dans la forêt, alignés sur une branche, ils lui récitaient un vers, parfois groupés, ils imprimaient dans le ciel tout son poème. |
Guy Lévis Mano
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Gallimard, 1971