Ombres projetées sur la vitre. Il y aurait un nom pour ces oscillations, cette présence ? Arbre n'est qu'un choc contre les dents. C'est toi qui le nommes, c'est ton arbre, alors qu'il n'est rien qu'un sursaut mystérieux frappant à la vitre de son ombre. Il n'y a que ces signes, hallucinés, ces battements dans l'espace, ces couleurs jetées comme des cailloux dans la mare. Je te vois qui fais le geste de retenir entre tes bras d'accueillir cette manne. Tu oublies que ce geste est douleur, les muscles se raidissent, à la fin tes bras cassent comme des branches. Tu oublies de marcher, d'user tes semelles, tu aurais peur ainsi dans la nuit avec pour seule arme ce oui, martelé. Tu aurais peur de perdre ton arbre de devenir cet autre qui n'en diffère pas. |
Pierre-Albert Jourdan
Le bonjour et l'adieu
Mercure de France, 1991