L'eau de la rivière écume devant la maison légère, entourée par les arbres. La maison enfermée au fond de la forêt, au fond de l'Autre Maison aux ramures noires, de tant d'herbes, tant d'arbres, d'oiseaux de la forêt. La cheminée qui fume. Le silence. Les bruits. La fumée bleue. Les branches innombrables se pénètrent, se poussent les unes au-dessus des autres. Le feuillage se berce. Il est profond et lourd et la clarté du jour, ciel lourd, ciel clair, le ciel est si loin, pénètre faiblement l'obscurité latente. Quelque jour l'on s'émeut. Douceur des yeux, des mains. Peu à peu l'on découvre un monde difficile. Et plus tard, parvenu au bout de ces chambres d'ombre, s'avançant vers la porte entrouverte d'une éclaircie, on sort sur un chemin, la première terre ainsi rencontrée, dans le vent, la lumière nue, on se prend à porter d'un pas plus rapide, et non sans que l'on n'en vienne à être tenu, du mystère de quelque regret prenant, singulier, on se prend à porter tel air de fermeté, d'assurance.
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Marcel Lecomte
Poésies complètes
La Différence, 2009