À Jean François
Un arbre du jardin me fait faire le beau ;
Grave, il se déshabille et donne sa vêture
Aux oiseaux. Sur mon cou, trésors de la nature,
J'en prive les oiseaux, je vous porte, fardeau
D'ingénieux chasseur. L'arbre est un grand oiseau.
D'un appareil de rame en ses mains costumé,
Je me tiens aussi mal qu'un arbre ou qu'un almée.
Et cette fausse vie comme des fleurs dans l'eau,
De l'arbre je la tiens : l'arbre m'a tout donné.
Tout le monde peut voir cet arbre changer d'âge,
Dans ses touffes cacher des pots de maquillage,
Des bandelettes de son ombre enrubanné.
D'épingles tapissé, ainsi souffre le houx :
Son costume le perce et de même vous pique
Les mains. Quelle étrange fleur de houx, fleur de pique
Suis-je, à l'arbre épinglé par l'œil de son genou ?
Olivier Larronde
Œuvres poétiques complètes
Le Promeneur, 2002