à Jo
D'arbres fascinants, humains n'ont pas fini de rêver de boire et de manger : pins, chênes verts, micocouliers,
et pour ceux de l'au-delà des mers, zelvokas, ginkgos, hananokis.
D'arbres où l'homme étend son identité : arbre de neige, chêne écarlate et l'érable qui est de charme, argenté ou du fleuve Amour.
D'arbres multiples, polyphoniques, d'arbres mortels, fruits défendus...
Mais ce matin, j'oublie les dictionnaires et les académies, les acacia, acacie, ailante, albizzia, aliboufier, alisier.
Mais ce neuf février je me contente, en réalité, de contempler mon amandier, que j'ai planté il y a treize ans.
De cet arbre dont Brassens fit chanson légère, une belle grignotant toute sa récolte, et Lamartine méditation : allégorie de cette vie qui, feuille à feuille, s'enfuit.
Mais c'est Van Gogh que je préfère, mon voisin d'Arles qui, en février 1888, fut transporté par tous ces blancs et ces vergers qu'il voulait refigurer "d'une gaieté monstre". *
Il se donnait du mal, il éreintait la toile, mais foin de la technique et des Indifférents, ce matin pour Vincent, l'amandier des Martigues aide le ciel renaissant...
* lettre à Théo |
Jean Jacques Dorio
Une minute d'éternité, poèmes de l'instant
Librairie-Galerie Racine, 2008