J'ai retrouvé la forêt de mes ancêtres
de mon enfance
tout d'un coup comme ça
il y avait la neige qui tombait douce fine folle
qui fondait en me touchant
j'errais d'une maison à l'autre
cherchant en vain les arbres
englouties les clairières où s'ébattre
et courir
évanouies les forêts de mes chevaux
pour un seul arbre j'ai pataugé dans les marais
me suis retrouvée deux branches à la place des mains
lors ne pus qu'enfourcher mon cheval
lui fouetter le flanc de mes branches
pour dévaler l'allée des pins
leurs aiguilles me griffaient tissant leur joie
sur ma figure
le cheval se cabra au seuil du précipice
pourquoi n'ai-je pas dégringolé sa pente
tapissée de mille couleurs
Sylvie Sicotte
Pour appartenir
Montréal, Librairie Déom, 1968