Il y avait à M. un type appelé Jérôme. Un arbre lui poussait dans la tête. Cet arbre n’était pas sans lui poser quelques problèmes. Il avait un peu honte de cette anomalie. S’il parlait de cet arbre on avait tendance à le regarder de travers. Ou bien on le prenait pour un plaisantin. Forcément, un arbre. Jérôme essayait de vivre comme tout un chacun. C’était encore ce qu’il avait de mieux à faire. Les gens n’aiment pas trop que les autres aient dans la tête des choses incongrues. Passe encore pour des idées tordues, des éclats d’obus, des tumeurs, mais un arbre ! C’était absurde. Pourtant Jérôme était certain d’avoir un petit arbre dans la tête. Il faisait de son mieux pour dissimuler son secret. |
Daniel Apruz
Méfiez-vous des arbres, roman
Calmann-Lévy, 1983
Dédicace :
« cette petite histoire où les interlignes sont des abîmes à lire entre bois et écorce »