À mes lèvres je porte ces verdures, Ce gluant jugement de feuilles, Cette terre parjure, mère Des perce-neige, des érables, des chênes. Vois comme je deviens aveugle et fort De me soumettre aux modestes racines, Et n'est-ce pas trop de splendeur Aux yeux que ce parc fulminant ? Les crapauds, telles des billes de mercure, Forment un globe de leurs voix nouées, Les rameaux se changent en branches Et la buée en chimère de lait. 30 avril 1937 |
Ossip Mandelstam О́сип Эми́льевич Мандельшта́м
Les Cahiers de Voronej
(1935-1937)
Traduit du russe par Philippe Jaccotet
Circé, 1999