Les merisiers sèment leur neige,
pétales, écume de verdure.
Les freux, se courbant sur les jeunes pousses,
vont et viennent dans les champs.
Ondoiement de l'herbe soyeuse,
effluves de pin résineux.
Aïe ! prairies et chênaies !
le printemps m'a tourné la tête.
Il me chuchote ses secrets
irradie en moi l'arc-en-ciel.
Et je songe à ma fiancée,
mon chant n'est que pour elle.
Foisonne, merisier de neige,
oiseaux des bois chantez, trillez.
Ma course de houle à travers prés
sèmera de même la fleur écumeuse.
1910
Sergueï Essenine
Journal d'un poète
Traduit du russe par Christiane Pighetti
ditions de la Différence, 2004