La « figuière » à l'écorce lisse, à l'entre-branches
Si tendrement blessé, je la caresse dans
Sa nudité d'hiver, quand la prime pâleur
L'éveille, lourde encor des phantasmes nocturnes.
Le soir, tard, je reviens auprès d'elle, dans l'ombre,
Et, pour la consoler de sa nuit solitaire,
Sur la gaine de bois où rêve l'oréade,
J'appuie la bouche et balbutie des mots obscurs.
Ainsi jour après jour, ainsi nuit après nuit,
— Assuré que les dieux ne meurent qu'en nous-mêmes —
J'attends qu'enfin s'émeuve en la chair de l'aubier,
Celle que j'aime et dont la blancheur me tourmente.
N'en finirai-je pas ? ô miracle ! ô printemps !
Louis Brauquier
Je connais des îles lointaines
La Table Ronde, 1994