Nous aurons pour surdité la rivière
Et nous n'entendrons plus d'affres et de corps
Les passeurs du temps crier haut à la mort,
Nous aurons pour fuite l'arbre lié de ciel.
Nous prendrons la sente palmée de fougère
Quand le baumier embaume à soleil ouvert,
Nous serons l'odeur endormie au brasier,
Une paix vive à peine remuée.
Nous ne verrons plus, face contre terre,
La mort et l'ombre jalouses de disparaître,
Nous saurons que le baume garde le baumier
Et l'amour en fuite, la verte éternité.
Rina Lasnier
La poésie québécoise contemporaine
Anthologie par Jean Royer
La Découverte / L'Hexagone, 1987