Âme, sois comme le pin,
qui tout l'hiver déploie
dans la blanche voûte de l'air
ses bras en fleurs
et ne cède pas, ne cède pas,
même si le vent,
lui rapportant des bois
le bruit de toutes les feuilles tombées,
lui susurre des mots d'abandon ;
même si la neige,
l'écrasant de tout le poids
de sa froide pureté,
immole les branches et les tire
violemment
vers le sol noir.
Âme, sois comme le pin :
ensuite viendra le printemps
et tu le sentiras venir de loin,
avec la plainte de toutes les branches nues
qui souffriront pour reverdir.
Mais dans tes branches vivantes
le divin printemps aura la voix
de tous les oiseaux les plus mélodieux
et à tes pieds fleurira un massif de primevères
et de jacinthes bleues
auquel tu t'agrippes
les jours paisibles
comme les jours tristes.
Âme, sois comme la montagne :
qui quand toute la vallée
devient un grand lac violet
et que le tintement des cloches y affleure
comme de blancs nymphéas sonores,
seule, en haut, se tend
pour s'entretenir en silence avec le soleil.
L'ombre l'entoure
de plus en plus près
et ressemble, autour du front enneigé,
à une lourde chevelure
qui la bouleverse,
qui la retient
de bondir dans les airs
vers son amour.
Mais l'amour du soleil
la ceint passionnément
d'une suprême splendeur,
embrasse passionnément
avec ses rayons les nuages
qui montent d'elle.
Ils montent libres et lents,
dégagés de l'ombre,
souverains
par-delà toutes ténèbres,
comme des pensées de l'âme éternelle
vers la lumière éternelle.
Pasturo, 10 avril 1931
Antonia Pozzi
La Vie rêvée
Journal de poésie 1929-1933
Traduit de l'italien par Thierry Gillybœuf
Arfuyen, 2016
Esempi
Anima, sii come il pino:
che tutto l'inverno distende
nella bianca aria vuota
le sue braccia fiorenti
e non cede, non cede,
nemmeno se il vento,
recandogli da tutti i boschi
il suono di tutte le foglie cadute,
gli sussurra parole d'abbandono;
nemmeno se la neve,
gravandolo con tutto il peso
del suo freddo candore,
immolla le fronde e le trae
violentemente
verso il nero suolo.
Anima, sii come il pino:
e poi arriverà la primavera
e tu la sentirai venire da lontano,
col gemito di tutti i rami nudi
che soffriranno, per rinverdire.
Ma nei tuoi rami vivi
la divina primavera avrà la voce
di tutti i più canori uccelli
ed ai tuoi piedi fiorirà di primule
e di giacinti azzurri
la zolla a cui t'aggrappi
nei giorni della pace
come nei giorni del pianto.
Anima, sii come la montagna:
che quando tutta la valle
è un grande lago di viola
e i tocchi delle campane vi affiorano
come bianche ninfee di suono,
lei sola, in alto, si tende
ad un muto colloquio col sole.
La fascia l'ombra
sempre più da presso
e pare, intorno alla nivea fronte,
una capigliatura greve
che la rovesci,
che la trattenga
dal balzare aerea
verso il suo amore.
Ma l'amore del sole
appassionatamente la cinge
d'uno splendore supremo,
appassionatamente bacia
con i suoi raggi le nubi
che salgono da lei.
Salgono libere, lente
svincolate dall'ombra,
sovrane
al di là d'ogni tenebra,
come pensieri dell'anima eterna
verso l'eterna luce.
Pasturo, 10 aprile 1931
Antonia Pozzi