L'arbre occupant de plein droit, grand et large, tous
bras ouverts, tout envergure et déploiement
— Rien de crispé en lui, de virtuel, nul refoulement
L'arbre de connivence avec l'air le ciel le vide
et l'horizon
Sur place voué au cycle de croissance et de mort
— de résurrection
Comme des larmes une ou deux feuilles contre son gré
le vent lui arrache
Petites mains plates dorées de parchemin parfaitement
découpées dans la pluie fine
Comme à regret hésitant à descendre elles empruntent
la voie des tourbillons
Lentes privées de poids
Obéissant aux lois touchent le sol et s'y couchent
Depuis la cime environné de chutes légères
L'arbre riche encore de frondaisons se débite au détail
petit à petit
Ce n'est pas une agonie, une transaction continue
Entre l'arbre et la terre gourmande sous ses dehors
tranquilles
Toute la végétation caduque de l'an déposée
Immense pâture, une litière à sa mesure
Par ses mille et mille bouches canaux pores fissures
pénétrera
Louise Herlin
L'amour exact
La Différence, 1990