6 octobre 2016
4
06
/10
/octobre
/2016
16:57
Pays de chênes souvent en solitude dans les pâtis et les cultures : un gland perdu par quelque oiseau dans les labours, dont le propriétaire aura d’instinct protégé la tige, pour l’ombre des feuillages et par respect des hôtes. C’est qu’un arbre, même immobile, participe de remous, de tractions, de routes : on ne peut le penser vide — et les plus creux suscitent les plus grands malaises. Il faut l’emplir : d’aubier, de branches, de bêtes, ou d’une présence mi-ciel, mi-terre, quitte à concevoir, sous l’écorce, des créatures dont l’existence, perceptible à une ouïe fine, découle de la noria des vents charriant vers la cime les pluies défuntes — ainsi le cœur éclaircit-il le sang noir —, ou du murmure que l’on prête aux morts, dissolvant dans l’humus leur parole osseuse pour en nourrir la semence glauque du gui.
|
Lionel-Édouard Martin
Brèches
Éditions Encres vives, 2005
lionel-edouard-martin.net
SG