Soudain, le randonneur croise là un vieux
chêne géant, pareil à un élan de pierre dont
la couronne large de plusieurs lieues fait face à la
verdâtre de l’océan de septembre.
Tempête du nord. C’est alors que les grappes
de sorbe mûrissent. Éveillé, dans le noir, on entend
les constellations piaffer dans leurs stalles
des arbres.
Soir-matin
Le mât de la lune est pourri et la voile froissée.
Une mouette plane ivre par-delà les eaux.
Le lourd carreau de l’embarcadère a été calciné. Les ronces
s’affaissent dans l’obscurité.
Je sors de la maison. L’aube frappe encore et encore
les barrières de pierre grise de la mer et le soleil crépite
au plus près du monde. Les dieux de l’été, à moitié
tâtonnent dans les brumes marines.
Tomas Tranströmer
Œuvres complètes (1954-1996)
Traduit du suédois par Jacques Outin
Le castor astral, 1996