Sapins revenus des miroirs de la montagne
Torches vertes où brûlent les mésanges
Comme des pendeloques aux feux de l'aube
Que me dites-vous, arbres frémissants de paroles cristallines
Où le mystère d'un chant d'oiseau
Suspend ses parures des perles fumées
Comme aux anciens théâtres autour des glaces et des lampes
Quand les regards des ancêtres s'allument
Dans le vert et l'or mélancolique
Et la voix enfouie des chœurs
Soudain rappelle au passant
Les cris des héros morts et les actes déchus
Ô sapins cette aube encore
Je m'interroge et je compte les jours
Mais puissé-je un seul intant
Chanter avec les grappes des passereaux à votre torse
L'extrême gloire de la lumière matinale
Me serait vouée à jamais
Comme la récompense des aimés
Jacques Chessex
le calviniste
Grasset, 1983