LES FORÊTS sur l'autre rive ouvrent leurs chemins blancs, et je les suis tous à la fois jusqu'à trouver la chair plus profonde de la lumière.
J'AVANCE.
J'AI OUBLIÉ le temps, dépassé les murs d'aiguilles noires là-haut ; je pénètre dans la chute du ciel, je tombe dans le rythme de mon sang et du grand sang lymphatique de la forêt.
NAÎT la mousse libre, abandonnée ; par points des spasmes l'épanouissent en fougères. Il naît aux racines un cyclone qui traverse la nuit minérale ; là-bas, où sa force soudain débouche à défaillir, il naît cette colonne où je me tiens.
J'OUVRE les mains. Dix routes font à nouveau une fleur que je n'effeuille pas. |
Georges-Emmanuel Clancier
Évidences
Mercure de France, 1982