11 avril 2016 1 11 /04 /avril /2016 06:23

 

 

                                               À Cora Lapercerie-Richepin

 

 

Dans le bois qui s'endort ont fui des formes blanches !

Car le faune, affolé par l'éclat d'un corps nu,

A fait jaillir son front fiévreux, roux et cornu,

                    Parmi l'écartement des branches !

 

Le vent caresseur berce, en chuchotant des mots,

Les feuilles que la nuit courbe l'une après l'autre ;

Et tout là-bas, montant d'un vol égal, la lune

                    Glisse entre les doigts des rameaux.

 

Sans doute le berger veut regagner sa hutte.

Sur le gravier craquant s'éloigne un bruit de pas...

Le parfum flotte en l'air des fleurs qu'on ne voit pas,

                    Avec un chant naïf de flûte.

 

Des bruits indéfinis peuplent le bois touffu.

Il parle encore avant l'universel silence,

Et le chœur des grillons qui grince un trille, lance

                    Son adieu triste au jour qui fut.

 

Mais, tout à coup, voici... qu'un bruit se meurt... un autre...

Le vieux faune penaud rôde en traînant le pied,

Et las d'être à l'affût, de bondir, d'épier,

                    Dans un taillis moelleux se vautre.

 

Les feuilles ont des sursauts brefs d'agonisants,

Les fleurs molles ont clos leurs lèvres entrouvertes,

Et le bois a caché, sous ses paupières vertes,

                    Ses petits yeux de vers luisants.

 

Sur le rustique autel la nuit fana le ciste.

Les sentiers noirs seront muets jusqu'au matin,

Et comme un souvenir du chant de flûte éteint,

                    Un son qui meurt tremble et persiste.

 

Un voile violet sur les arbres s'étend,

Comme un vélarium gonfle, entre des pilastres,

Et pour dormir tranquille avec son peuple d'astres,

                    Le ciel s'est couché sur l'étang !

 

Le cri se dresse encor d'un cerf lointain qui brame...

Puis tout se tait !... plus rien ne bouge... l'heure fuit...

Le sol respire à peine... Ainsi que chaque nuit,

                    Le bois nocturne a rendu l'âme !

 

 

 

                                                                    1908.

 

 

 

Jean Cocteau

Œuvres poétiques complètes

Le Lampe d'Aladin

Bibliothèque de la Pléiade

Gallimard, 1999

SG

 

                  et des arbres...
   

Abricotier     Acacia    Alisier     Aloès     Amandier    Arbre à soie    Arbre de Judée    Arganier  Aubépin   Aulne    Baobab    Bouleau    Caroubier    Cactus     Cédratier    Cèdre    Cerisier    Charme   Châtaignier    Chêne    Citronnier    Cocotier    Cognassier     Cornouiller    Cyprès    Érable      Eucalyptus    Figuier    Flamboyant    Frêne    Ginkgo   Grenadier    Hêtre   Hévéa   If    Laurier    Lilas    Magnolia    Manguier    Marronnier    Mélèze    Mélia azédarach    Micocoulier     Mimosa    Mûrier-platane     Niaouli    Noisetier    Noyer     Ombú    Olivier    Oranger    Orme    Palmier    Pêcher    Peuplier    Pin    Plaqueminier    Platane    Poirier    Pommier   Prunier    Robinier    Santal    Sapin    Saule    Séquoia    Sophora    Sorbier    Sureau    Sycomore    Teck    Térébinthe    Tilleul    Tremble    Tulipier

 

Feuille

Forêt

À ce jour, 1310 poètes, 2977 poèmes

et de nombreux artistes ...

Bonne lecture !

Sylvie Gaté