S'il n'était pas d'arbres à ma fenêtre Pour venir voir jusqu'au profond de moi Depuis longtemps, il aurait cessé d'être De cœur offert à ses brûlantes lois. |
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Jules Supervielle |
Arbres, ô, ma raison, jambages verdissants
Couchés au pâle azur d'un monde qui se forme
De vos paumes s'écoule en fleuves jaillissants
L'étincelle des nues que le souffle déforme...
Lumières incréées que ponctuent les rémiges
De quel HORUS, Egypte, en ton sein réchauffé,
Où le fatal essor du destin qui se fige
Brise la colonnade où la barge lofait...
Ramages de rameaux, algues, mes chevelures,
Sargasse sarcastique à l'étrave des phoques,
Éclaboussent les fruits, au sable, tavelures.
Cheminement des sèves, ligneuse déité,
Au front de l'ouragan, c'est ton front que j'invoque,
Hissant sinople fier tiercé d'ubiquité.
Jean Vigile
Florilège 60
par Louis Lippens et Maurice Pernette
C.O.P.E.L.A.T, 1960