à la mémoire de Georges Brassens
Qui chante
où le silence est majuscule
du côté de l'hiver ?
Le vent ne bouge plus
la terre se retourne
pour écouter
le poème aux racines
***
Plus dans l'hiver encore
aux grelots d'un cyprès
l'écume du soleil
frappé en pleine course
***
C'est pour unir leurs souffles
pour en faire du vent
et des fleuves d'oiseaux
que les racines du cyprès
tenacement
essorent les morts
***
Cyprès chemin des pauvres
qui traînent leur lumière
aux racines des rues
Cyprès pour que le vent
leur tisse un ciel utile
Cyprès pour retenir
les étoiles qui tombent
***
La pointe du cyprès
où se tisse le ciel
le suaire du vent
traverse aussi le cœur
de la cité
Elle a perdu beaucoup de sang
jusqu'à la limite du soleil
***
Oui cette cohérence
à ralentir son ombre
au plus juste de soi
est-ce le vrai combat
pour le cyprès ?
***
Et là-bas le ressac
des tombes sur l'étang
ces oiseaux qui semblent
en ressusciter...
***
Ce cyprès dont la chair brûle
entre les os de la pierre
ce demi-dieu incinéré
par l'inaction des ombres
qui lui doivent d'errer
ce soleil blanc
sur le sommet de chaque mort
cette poussière vive
où s'écrit l'incassable
***
Plus que le vent du nord
pousse la terre un mort
qui continue de chanter
dans le cyprès de sa tombe.
Claude Albarède
Le vent se lève, il faut tenter de vivre
Recueil Collectif de Poètes Sétois, 1981