Les forêts sont pleines de créatures étrangères
Un peu sauvages mais douces sous la dent
Quand elles gémissent et qu'une boule imprévisible
Soulève leur ventre apprivoisé
Ne cherchez pas à comprendre leurs pensées
Contradictoires comme des oiseaux apeurés
Qui vous gratifient d'un regard cruel
Après avoir mangé dans votre main
Un jour elles viendront de leur propre gré
Offrir les menus goulots de leur gorge
Avec un petit rire fou dans leur chevelure
Devant la mâle fièvre du sang
Celle que j'adoptai je lui pardonnai tout
Elle s'ouvrait sous moi comme un jardin dans l'ombre
Je n'avais plus pour but au monde
Que ce rare paradis illuminant ma forêt
Marcel Béalu
Poèmes
Le Pont Traversé, 1981