Tu pourrais pleurer sur les arbres qu’on abat
sur les forêts pour trois cents ans radioactives
et ces populations toujours sur le qui-vive
qui n’éprouvent du quotidien que les combats
— parfois tu pleures mais faut-il que tu l’écrives ?
effondrements forêts brûlées champs de bataille
ont peu à peu rempli ton vide à l’intérieur
— c’est là que tu devrais faire un monde meilleur
plutôt que d’y entretenir les représailles
ou les rancœurs de grande et de petite taille
et tu écrirais pour pacifier ce domaine
le seul que tu aies en partage, pour ne pas
céder au découragement pas après pas
jour après jour debout traverser la semaine
fût-ce en pleurant pourvu que le sentier te mène
au-dessous de l’écorce et des écorchements
plus à l’intérieur — il était une province
nous dit le conte envahie de ronces, le prince
à la fin réveilla la belle au bois dormant
— ce n’est qu’un songe et pour autant nul ne te pince.
Bertrand Degott
Plus que les ronces
Jegun, l'Arrière-Pays, 2013