J'ai su que toute parole
était recueillement
lorsque j'ai vu la danse des fleurs,
le corps des fruits,
le livre ouvert du feuillage.
Vert si proche
que mon regard s'embue de rosée,
vert ami
où s'enracine ma joie.
La foi brute est ce goût d'herbe
sur la langue,
et l'heure qui saignait
réapprend la souche du jour.
L'arbre écoute.
Tapi contre le cœur de l'oiseau.
L'arbre écoute.
La vie est là.
La parole est là.
J'esquisse une demeure
où poser sa faim, sa fatigue.
Avec du ciel dans les yeux
j'attends que revienne
la nudité première.
Instant de beauté crue.
Pour tout vivre sans fin.