« Les arbres se souviennent mieux que nous Du secret déchiré en menues étincelles : Il effleure parfois les lèvres d’un étang ; L’enfant qui rêve croit l’entrevoir.»
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Philippe DELAVEAU, Eucharis. |
Lundi
La mer confie son chant à certains coquillages. Dites-moi, le chant de la terre, où l'écouter, comment l'emporter avec soi ?... Le doux chant de la terre qui s'éteint quelquefois. |
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Il naît peut-être un arbre sous l’herbe froissée par ton pas. Il te suffit d’un déplacement.Il te suffit de lever les yeux pour articuler les ombres où il s’invente, ériger sa présence dans les claires ramures d’un nuage. |
Mercredi
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Jeudi
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Vendredi
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5
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Loin des murs où sont scellées nos ressemblances, nos soumissions, ce qui nous lie tend parfois un fil invisible qui nous mène au-dehors, trace de nouveaux espaces à explorer. Dans le temps même où il se dessine, le lien départage.
*** La lumière se retourne comme un gant, détache les points fixes où s’arrime le temps, lève l’ancre de parfums ardents, nous invite à voyager sur l’eau d’une ivresse candide comme on passerait vers l’autre rive. Soir extrême où plus rien ne songe à rien, où l’égarement nous ouvre à l’immense qui nous fend. |
6
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Tu me crois fixe. Je dérive dans les mains d’un verger qui me rêve. Tu me crois de bois. Je suis ailleurs, appuyé contre le silence d’une nuit qui s’obstine. |
Dimanche
Des branches du poirier monte un chant superbe. J'ai beau lever la tête, contourner le tronc, m'éloigner, revenir, je ne vois pas d'oiseau. Le chant est pourtant si gai, si fort, que l'on ne peut douter un seul instant d'une présence... Que le monde serait doux si Dieu quelquefois prenait le temps de faire le poirier !
*** Soudain dans la lumière, une palpitation furtive, un léger frémissement, battement d’aile ou de paupière extérieur à nos yeux..
Rien n’a changé. Le regard patiente, attend mais en vain le retour de ce silence étonné. |
7
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C’est exister encore que murmure le bourgeon à l’instant où la feuille l’abandonne. Ce repli pointu entre des écailles closes, cette sombre humilité ramassée sur elle-même, cachent un tourbillon d’espérances que ni l’arrêt de la sève, ni les doigts glacés de l’hiver ne pourront entamer. |
Philippe Mathy
Jardin sous les paupières
Le Taillis Pré, 2002