Frère des animaux et des arbres innocents
c'est au poète d'annoncer le nouvel espoir
et la beauté rendus à l'en-marche des hommes.
L'homme qui aime a des rayons qui le relient
au feu, au fleuve, au roc et à l’azur du ciel.
L'époque féroce et sensuelle s'avance vers moi
pour me dire : ton atelier va à la défaite.
Libre à vous d'écouter mon histoire sans y croire
J’ai été partout : un soir j'ai tué mes huîtres
pour payer avec des perles les dettes du Sud.
J'ai connu au Nord le goût amer de la vie.
J'ai vu l'Ouest brûler en moi ses meilleurs vaisseaux
tandis que l'Est enfonçait ses griffes dans ma gorge.
Partout ma charrue a été mise à l'épreuve.
Où aller maintenant ? Où porter mes outils ?
Une fois de plus, blessé de ce qui manque au monde,
gavé de soleil à travers mes soirs de pluie,
je me laisse pousser dans le tronc du mimosa
qui sert de bateau à la dérive de mes poèmes.
Lézignan-Corbières
14/8/87
René Depestre
L’Atelier Imaginaire
Poésie 1990
L’Âge d’Homme