À Raoul Grimard
Un homme pâle cueille les fruits de son jardin
Il distribue ses caresses aux animaux et aux arbres
Il touche ce qu'il aime, avec précaution
« Ma vie, cette vitre légère,
Prenez garde de la ternir.
Je bois de l'eau Je mange des fruits
Et je couche à la belle étoile.
Un regard affectueux :
C'est tout le prix que je veux ;
Je dédie à ceux qui m'aiment
Le miroir le plus fidèle
Connaissez-y mon secret,
C'est votre meilleur visage :
Le seul digne, ̶ le seul vrai,
Que je fis à mon image.»
Aimable comme Dieu, comme lui méprisé,
Un homme grave cueille les fruits de son verger.
Odilon-Jean Périer
Le promeneur
La Différence, 1989