loin des arbres je tombais de visage en visage
des enfants incendiaires cherchaient des eaux sensibles
du sang montait jusqu'à l'argile on aurait dit
que leurs mains seules avaient encore de la lumière
plus personne ne traçait de croix sur les maisons
des pluies blanches sur terre tombaient obstinément
on aurait dit parfois qu'un jeune homme assistait
les lentes pendaisons des enfants du silence
je m'appuyais au ciel afin que nul ne tombe
j'ai vu en enfant-feu seul au milieu des arbres
qui cherchait des rivières encore obstinément
la nuit avait rempli ses poches de cailloux
l'arbre à feu s'éteignait et j'allais sur la lande
serrant sur ma poitrine la création du monde...
Tristan Cabral
Le passeur de silence
La Découverte, 1986