Voici le grand arbre de brouillard vert.
Des échafaudages abandonnés l'environnent
sous le pentagramme de l'étoile
là où se perdent les chevaux sauvages
et se perdent les migrations
d'oiseaux et de papillons.
Voici la ville ensevelie dans la lumière
comme par une éclipse.
Illisibles ruines imaginaires
falaises labyrinthes écritures muettes :
coupures d'un couteau de cristal
dans la rage de la pierre
et dans l'écorce de l'arbre.
Et voici l'ordure accumulée rouillée
entre la ferraille et le sang.
Et voici nos paroles enchaînées au ciel
comme bateaux fantômes.
Luis Mizón
Poème du Sud
Traduit de l'espagnol par Roger Caillois
et Claude Couffon
Gallimard, 1982
He aquí el gran árbol de niebla verde
rodeado de andamios abandonados
bajo el pentagrama de la estrella
donde se pierden los caballos salvajes
y se pierden las migraciones de pájaros y mariposas.
Y