L'arbre féminin
Porte une frondaison de fenêtres
Où le pied entre en espion
Et d'où la main sort brûlée.
L'arbre féminin et l'alchimie
Des vasistas liquides
Bougeant comme un reflet.
Des scènes y sont jouées, évanescentes :
Il s'agit d'un parfum, un poing américain de parfum
de cheveux
de trottinements.
Ce sont des feux de paille découverts dans la rue.
Les racines sont tailladées par des rasoirs.
Des baguettes chinoises vont du sol aux fenêtres.
Parfois, elles se rassemblent dans un claquement sec,
comme un éventail ; elles se tiennent l'une contre l'autre
pour que dessus viennent reposer des lèvres écarlates.
Ventrues et souples, elles se distendent et rient, se
distendent et dansent ; ces lèvres tordues s'ouvrent
comme un piège à ours et là où les fenêtres présentaient
l'animation foisonnante de spectacles éphémères, les
lèvres qui les ont remplacées se ferment de manière
catégorique, sans tergiverser, en un éclair ; elles ne
s'ouvriront qu'une fois, alors,
Une fois, joues gonflées
Expédié expulsé
Le noyau de cerise.
Thibaut Binard
Diagonal Doce
La Différence, 2008