Un visage se dessine
Sur les artères d'un arbre,
En harmonie avec la ligne de l'aube blessée,
Un enfant grandit,
Emporte sa révolution et descend
Vers les plaines de notre ville,
Puis apparaît au sommet du mont occidental.
Sur le fût de l'arbre,
Il lit une histoire inscrite
Depuis les temps du seigneur Abraham.
Une gravure de la porte Sahira se lève,
Fait résonner sa voix jusqu'à la haute montagne.
Les saules courtisent
Les bassins de Salomon.
Mon père passe en silence.
J'ai peur qu'il lise l'eau des bassins,
Qu'il réveille Sodome de sa nuit.
J'entends les murmures des champs d'oliviers,
Le bourdonnement des villes silencieuses,
Est-ce un volcan en éruption ?, me dis-je.
La nuit, j'ôte ma cape,
J'entends les villes blanches m'appeler !
Mes villes ne trahissent pas leurs promesses,
Ô arbres des Romains !
Il est un enfant qui
Lit la mémoire des plantes,
Qui chante pour le saule,
Le raisin,
Le romarin et la citronnelle,
Qui s'entretient à l'aube avec la croix du Seigneur,
Devant les remparts sombres.
Il marche dans son sommeil,
Évoque le dieu de la Palestine,
Parle aux arbres
Toujours verts malgré l'injustice du temps.
Il est un enfant qui,
De long en large, arpente sa cellule
Jusqu'à ce que la voûte céleste tombe dans la prison !
Alors, dans la mémoire de la solitude et des prêtres
Apparaît un saule,
Les choses ressuscitent,
Et la cellule devient
Une patrie couverte de verdure et d'eau !
Ezziddine Al-Manacirah
Le crachin de la langue
Traduit de l'arabe par Mohamed Maouhoub
avec la collaboration de Mohamed El Yamani
L'Escampette, 1997