Jusqu'à circonvenir les bas-fonds du ciel,
jusqu'à désavouer son ombre d'un seul jet,
jusqu'à s'évanouir dans sa verticale
insurgé.
La terre l'a repu de trop vagues saisons.
Banni des seigneuries d'oiseaux il a refuge
dans le vent pourvoyeur de ses vastes secrets.
Insurgé
mais sujet de sa droiture,
il rebâtit l'été hors des flancs de la pierre.
Glaive peut-être
mais sans droit de justice,
dague peut-être
mais sans l'appui d'un meurtre,
peut-être clou
mais pour quel assemblage ?
Peut-être rien
sinon l'ultime élan
d'un amour forcené que son néant devance.
L'aigle le croise
et tant de fixité
ronge en son cœur
le haut vol du rapace.
Cyprès natif d'un feu
sans autre incandescence
que cette verticale,
où caches-tu les feux
de ta fuite présente ?
Voici la nôtre
mais non comme une offrande,
voici la nôtre
comme un peu de la tienne.
Nous n'avons pu l'alléger à ce jour
de son pesant d'exil
et nous errons, cyprès, aux alentours
dévorants de ta verticale.
Bannis des seigneuries de nos oiseaux d'enfance
nous t'approchons, cyprès,
pour nous évanouir avec toi dans l'éclat
très pur de ton refus,
avec toi tourmenter les bas-fonds du ciel.
Tu fus, cyprès,
de toutes nos étreintes.
Paul Chaulot
Poèmes (1948-1969)
Éditions de la revue Noah, 1983