la forêt prie sa cambrure est longue neige
sur toi bien-aimée blanche les arbres sont bergers
le temple est princier et planté en bannières
aucun bruit ni rumeur l'âme-neige s'endort
une ombre a émergé des hivers monastiques
sous les tambours voilés des lourds flocons nocturnes
la forêt irradie aux pointes des sapins
son appel grand-altier des silences gothiques
les arbres rassemblent une fugue immobile
battent les cœurs hautains des rencontres mystiques
des orgues font écho aux clairières givrées
c'est une grande attente dans une forte nuit
il pleut depuis hier et la neige est malade
grise coulée la forêt entre en solitude
l'ombre est repartie les orgues ont disparu
regrets à lentes danses des anciennes valses blanches
un verger va fleurir en-dehors des chemins
flocons évanouis de rêves à la lune
trois loups abandonnés s'en retournent aux campagnes
les bergers des rencontres ont repris leur attente
Pierre Daco
De chant d'homme
Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1981