1.
Sibylle brûlée ; Sibylle tronc.
Tous les oiseaux sont morts, mais le dieu est entré.
Sibylle ivresse ; Sibylle aride.
Toutes les veines sont sèches : l'homme est ardent !
Sibylle absente ; Sibylle bâillement
du sort et de la mort ! Arbre entre les vierges.
Puissant arbre nu dans la forêt :
d'abord le bois bruissait dans le feu.
Puis, sous les paupières
fuite prise au dépourvule dieu a jailli en fleuves secs.
Et soudain, désespérée de chercher au-dehors :
c
ur et voix découragés en moi !
Sibylle sapience ! Sibylle voûte !
Ainsi l'Annonciation s'accomplit à cette
heure sans âge ; ainsi dans la grisaille des herbes
la virginité fugace, devenue caverne
pour une voix prodigieuse...
Ainsi en un tourbillon d'étoiles,
la Sibylle est absente des vivants.
5 août 1922
Marina Tsvétaïéva
Après la Russie
Traduit du russe par Bernard Kreise
ditions Payot & Rivages, 1993