J'ai rêvé de toi majesté invisible
planant sur le vieux nom des choses.
Enraciné en douleur de la cendre
rien qu'un homme, je te portais, sépulcre,
père mort, au-dedans de moi, en silence,
je t'appelais avec des paroles de vent
d'antiques millénaires, qui enflamment la colère.
Jamais tu n'as répondu au cri et me laissais
en crainte de nuit, feu secret, haute flamme,
Arbre Dieu dans la nuit.
Arbre
Jo et vaig somniar majestat invisible
que plana pel vell nom de cada cosa.
Arrelat en dolor de la cendra,
un home només, et portava, sepulcre,
pare mort, dintre meu, en silenci,
i et cridava amb paraules de vent
d’antics mil·lenaris, que encenen la ira.
No has respost mai al clam i em deixaves
en temença de nit, foc secret, alta flama,
Arbre Déu en la nit.
Salvador Espriu
Cimetière de Sinera
suivi de les heures et de semaine sainte
Traduit du catalan par Malthilde et Albert Bensoussan
et Denise Boyer
José Corti, 1991
Photo : Wikimedia Commons
Quand tu t'arrêteras
là où mon nom t'appelle,
souhaite que dorme
rêvant de mers calmes
la clarté de Sinera.
B., mars 1944 - mai 1945.