J'ai tant aimé les arbres, les arbres au bord de l'eau. Enfant, je me tenais sur la plus haute fourche du plus haut de mes arbres, et j'ai revu cet arbre qui me ressemble : alors se balançant au-dessus des jardins, aujourd'hui immobile au-dessus du marécage. La terre est abandonnée, l'arbre est encore debout. J'ai tant aimé l'avenir. J'ai tant souffert ! De dures, de très silencieuses années ont fait mûrir les poisons de mon cerveau. Je vous offre cette tache noire sur le ciel, je vous offre ce nid centenaire abandonné par les corbeaux. C'est la vie, derrière les roseaux inutiles, cette vieille femme penchée sur les oignons. |
Maurice Blanchard
Les Barricades mystérieuses
Gallimard, 1994