Dans un été tranquille, au sommet d'un nuage, avec un rire obscur cette orange saignait.
J'ai connu bien des mains, chacune voulait prendre en moi ce qu'elle aimait. Et, me pelant, chacune m'enlevait ma patrie qui n'est que de lumière.
Mais la lumière en moi parle avec mes désirs et je cherche toujours les vrais liens, les vraies mains qui me feraient mûrir.
Car je vis pour un arbre qu'aucun regard ne voit, un grand arbre à venir pour lequel je suis née et que j'entends la nuit m'appeler, m'avertir,
m'encourager, me dire qu'il est mon seul ami. Un jour, il paraîtra pour me redonner vie et je serai son ciel et sa graine et sa voix. Vous pouvez me manger vous ne m'éteindrez pas.
Mais les temps sont encore si loin, si loin de moi que, bien que lumineuse, je me sens seule au monde et voici que je saigne je ne sais pas pourquoi.
Peut-être pour cela.
Georges Haldas Poésie complète L', ge d'Homme2000 | Louttre.B Un oranger solitaire - Gravure 1997 Musée de Sens
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