Toi, si tu étais sensée,
Quand je te dis que des étoiles fulgurent des signes, tous effroyables,
Tu ne te retournerais pas pour me répondre
« La nuit est merveilleuse.»
Et même, toi, si tu savais
Combien ces ténèbres m'imprègnent jusqu'à la moelle et distillent
En mon essence une frayeur impie, tu t'arrêterais à distinguer
Le blessant et l'amusant.
Car, je te le dis,
Sous cet arbre puissant, le fluide de mon âme entière
Exsude de moi comme une vapeur sacrificielle
Sous le couteau d'un Druide.
Je te le redis, je saigne, dans mes liens d'osier,
Ma vie se répand.
Mon sang, je te le dis, se répand sur l'aire de ce chêne,
Goutte à goutte.
Au-dessus de moi jaillit le gui, né du sang,
Dans la vapeur ombreuse.
Mais qui es-tu à babiller çà et là
Sous le chêne ?
Qu'es-tu de mieux, ou de pire ?
Qu'as-tu à voir avec les mystères
De cet antique lieu, de mon antique malédiction ?
Quelle place as-tu dans mes histoires ?
David Herbert Lawrence
Poèmes
Traduction de Sylvain Floc'h
L'Âge d'Homme, 2007
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Under the oak
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Hans Gude
Under eketreet
1858