27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 16:51

 

Ce miramolin de mésanges,

gros défaut du glabre gazon,

son poids, cousu de noirs losanges,

concerne sa pourpre raison.

 

Il bifurque et reste fidèle.

Il domine, car il se plaint.

Il se cambre, jeune modèle.

Il guette, durable orphelin.

 

Dans la rance et lourde cachette

il boit des laitages velus.

Pal de solitude, il rachète

la croix, maîtresse de Jésus.

 

Au ciel de la page il alloue

le somnambulique relief

où le sang de l'esprit renfloue

les voilures de notre nef.

 

D'affluents couronné, le Gange

quand, debout, le plante le port,

fascine et libère un archange

soumis à rêver de la mort.

 

If que, touffu d'angles, le dôme

qu'il brandit et dont il descend

préconise comme un royaume

entre ses pôles surgissant,

 

il dispose que le compense

la vierge aux flexibles rochers.

Elle, et ses langues d'or devance

l'art des meilleurs archers.

 

Sous sa pelure moulurée

les deux médailles de carmin

veulent une galimafrée

d'hommes qui se mangent la main.

 

Feuillu d'ailes d'urne et de nacre,

dont l'ombre nourrit la pâleur,

ses jambes caressent, vers l'âcre

rose, le fil du loisir leur.

 

Plus retorse que toute branche,

elle cligne comme des yeux.

Sa grappe de châtaignes tranche

sur sa nuque à l'éclair soyeux.

 

Devant l'obscur herbage abstraite

comme Didon devant le soir

elle ignore qu'elle décrète

la stature du désespoir.

 

Tu ruisselles, fondamentale,

de l'énigme qui n'en tarit.

Avides, tes dessous, crotale !

bas, les aveugle, seul, mon cri.

 

Entre orme et femme la prière

d'un cœur qu'ils n'écouteront pas

sème, au vitrail de la clairière,

une tendre poudre de pas.

 

De la méditante et narquoise

biche où mousse l'arbre fatal

et du hêtre aux fruits de turquoise

mes tourments forment le métal

 

uni. Le teck tend au satyre

l'exemple mille fois compté.

Pour m'y résoudre je m'étire.

Mais je demeure humanité.

 

Au satyre tend l'inconnue

un factice chevauchement.

Mais l'imposture n'atténue

pas un des enfers de l'amant.

 

D'Angèle ensemble et de l'érable

où le masculin souscrivit

damnez le monstre misérable

au delà de l'inassouvi.

 

 

 

Jacques Audiberti

Poésies 1934-1943

Gallimard, 1976

SG

 

                  et des arbres...
   

Abricotier     Acacia    Alisier     Aloès     Amandier    Arbre à soie    Arbre de Judée    Arganier  Aubépin   Aulne    Baobab    Bouleau    Caroubier    Cactus     Cédratier    Cèdre    Cerisier    Charme   Châtaignier    Chêne    Citronnier    Cocotier    Cognassier     Cornouiller    Cyprès    Érable      Eucalyptus    Figuier    Flamboyant    Frêne    Ginkgo   Grenadier    Hêtre   Hévéa   If    Laurier    Lilas    Magnolia    Manguier    Marronnier    Mélèze    Mélia azédarach    Micocoulier     Mimosa    Mûrier-platane     Niaouli    Noisetier    Noyer     Ombú    Olivier    Oranger    Orme    Palmier    Pêcher    Peuplier    Pin    Plaqueminier    Platane    Poirier    Pommier   Prunier    Robinier    Santal    Sapin    Saule    Séquoia    Sophora    Sorbier    Sureau    Sycomore    Teck    Térébinthe    Tilleul    Tremble    Tulipier

 

Feuille

Forêt

À ce jour, 1368 poètes, 3142 poèmes

et de nombreux artistes ...

Bonne lecture !

Sylvie Gaté