Un homme était parvenu sous un arbre
Dont la fraîcheur profonde appelait le pays désert
Tandis qu'un Ange à tire-d'aile s'envolait.
L'homme sauvé du soleil
Écoutait murmurer les immenses familles de choses vertes
Et noires tellement serrées, qui répandaient de vastes odeurs de mémoire ;
Mais comme il s'appuyait au tronc l'arbre se ferma.
À présent tout ce qui liait la feuille à l'autre feuille
Était gémissement, agitation
Les racines se convulsaient dans le Désir
L'arbre tuait le voyageur !
Le voyageur mit alors ses deux mains sur sa poitrine
Et la lutte recommença et l'Ange revint
Le combat obscur incertain s'est déroulé dans la confusion.
Pierre Jean Jouve
Les Noces suivi de Sueur de sang
Gallimard, 1966