Je n'atteins que les branches douloureuses,
Jamais je ne toucherai le sommet
Où le vert feuillage dissimule le bonheur.
Étendre les bras m'affole,
Qui pansera mes maux et mes blessures ?
Je me suis assise sous ton ombrage
Tout au long de mon infinie jeunesse.
Je voulais ramasser les fleurs et les feuilles mortes,
Glaner quelques raisins pourris.
Mes pieds sont couverts de poussière
Toute la journée, j'ai erré tel un cerf-volant coupé de son fil.
Je t'en prie, donne-moi quelque chose,
Car rentrer chez soi les mains vides est de mauvais augure.
Même si tu me transmets la maladie jaune que tu abrites,
Je prendrai ça pour du bonheur les yeux fermés —
Si tu le dis !
Bon, si tu ne peux pas me donner un peu de vrai bonheur,
Pourquoi refuser de me donner un peu de douleur ?
Taslima Nasreen
Femmes
Poèmes d'amour et de combat
Traduit de l'anglais par Pascale Haas
Librio, 2002