À Michel-François Lavaur.
Je taille des paroles aux oubliés
frères d'humus qui nous ont donné vie
la nourriture
et nous accueilleront
Je les connais dans leur marche très lente
dans leur spirale et leur aspiration
dans leur respir et sous leur masque dru
drageon châtaigne tronc ou bogue
J'ai commerce d'oiseaux parmi eux
contre leur nuit têtue et si frêle en dedans
le sang la sève le poumon ou les feuilles
la peau la corne ou la lignée du bois
Mon âme est une cime de feuillage
mon cœur comblé est une mousse duveteuse
mes bras branches lancées cinglant à tout venant
mes yeux l'écorce qui s'entr'ouvre au jour
Francine Caron
15 ans de poésie
Aux amis de Nard, 1981